Au Congo-Brazzaville, des populations du département de la Lékoumou découvrent le Centre d’assistance juridique et d’action citoyenne (CAJAC). Et l’instrument proposé par la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH) pour anticiper des antivaleurs comme la corruption, produit déjà des résultats encourageants. Illustration.
Tonnerre d’applaudissements, explosion de joie, poignées de main en cette fin de journée du 11 décembre au village Mongo dans le district de Sibiti. Landry Mabiala et sa tante Clémence Bitoti venaient d’être réconciliés grâce à la médiation de la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH) par le truchement de son instrument, le Centre d’assistance juridique et d’action citoyenne (CAJAC).
Depuis plus de deux ans, le neveu et la tante étaient sur le point d’en arriver au clash à cause d’un litige sur les droits coutumiers fonciers relatifs aux terres agricoles que le chef du village avait du mal à trancher, tant Landry lui reprochait de conflit d’intérêt dans le règlement dudit litige.
Mais, en ce crépuscule-là, … « Nous sommes très contents de cette initiative des membres de la RPDH à travers le CAJAC. Je pensais déjà à porter l’affaire au plus haut niveau. Mais, c’est fini », s’est réjoui Landry. « Nous redevenons neveu et tante. Merci beaucoup pour les bonnes explications que les membres de la RPDH ont fournies. Connaître la loi, c’est vraiment une bonne chose », s’est félicitée Mme Bitoti.
« Les membres du CAJAC n’ont fait que renforcer le processus de réconciliation que nous avons déjà entamé. Tout le plaisir est mien, parce que la société civile vient de réaffirmer son rôle régalien : accompagner les pouvoirs publics dans leurs actions », s’est réjoui pour sa part Philippe Makita, chef du village de Mongo.
Même avis du côté de la RPDH. « C’est dire qu’il y a des gens qui ont compris l’importance du CAJAC. C’est qu’il faut le plus noter, c’est cette attitude citoyenne dont les deux parties ont fait preuve en se confiant à l’autorité locale. Les autres auraient peut-être réglé le litige autrement », s’est félicitée Jeiss Miyalou, responsable du CAJAC. Mme Miyalou et ses collègues ont de très bonnes raisons de se réjouir.
« J’appellerai le CAJAC en cas d’abus contre un autochtone »
Le jour où Landry les appelle, ils étaient dans la zone pour « suivre et évaluer » leur mission d’il y deux mois. En début octobre dernier, la RPDH et l’OCDH effectuaient une mission de sensibilisation des populations des districts de Sibiti, Komono et Zanaga sur la nouvelle gouvernance forestière.
C’était dans le cadre des projets « Forêt, Gouvernance, Marché et Climat » (FGMC, Forest Governance, Market and Climate Programme) exécuté par l’OCDH et la RPDH et financé par le Foreign Commonwealth & Development Office (FCDO) du gouvernement britannique, et «Intégrité dans les initiatives climatiques comme REDD+ » qui bénéficie de l’appui financier de l’Agence française de développement (AFD).
Le projet vise à « apporter un appui aux communautés locales et populations autochtones en vue d’une participation efficiente et efficace dans la gestion des ressources forestières »
Parmi les thématiques abordées, figurait en bonne place la lutte contre la corruption au moyen du CAJAC. Mis en place en 2017 par la RPDH, le CAJAC est un instrument destiné à aider les populations à dénoncer et lutter contre la corruption. L’outil a aussi vocation à apporter de l’assistance juridique et judiciaire aux citoyens.
« Dès qu’on a énuméré les missions du CAJAC, je me suis dit dans mon tréfonds, voici un avocat pour nous qui avons du mal à accéder à la justice classique », se souvient Landry Mabiala. « J’ai pu trouver une parade contre le trafic d’influence et la corruption. Désormais si un Bantou abuse d’un autochtone, je n’aurai qu’à appeler le CAJAC », promet Antoine Tsoumou, un autochtone du village Sala-Mbama dans le district de Zanaga.
Si des observateurs redoutent déjà des cas de corruption dans la mise en œuvre des initiatives telles que REDD+ et dans les retombées de l’aménagement des forêts, il était plus que temps d’informer les populations de la Lékoumou de l’existence d’une sorte de parade contre la corruption. Aux populations de s’en servir de manière conséquente.
John NDINGA-NGOMA