Pointe Noire, le 17 février 2015. La Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) exprime sa vive préoccupation et inquiétude face à la tentative d’intrusion nocturne dont elle a été victime. En effet, quatre hommes en tenue militaire, munis de bérets rouges et armés à bord d’un véhicule taxi de marque Toyota Corolla communément appelé « Benoit XVI », dont l’immatriculation n’a pu être identifiée, ont tenté de s’introduire par effraction dans la nuit du 11 au 12 février 2015 aux environs de 1 heure du matin dans la parcelle abritant les bureaux de la RPDH, situés au quartier OCH dans le 1er arrondissement Emery Patrice Lumumba à Pointe Noire.
Le véhicule taxi et ses hommes armés se sont retirés lorsque leur attention a été attirée par les sentinelles des lieux. L’un des occupants du taxi, en se retirant, a expliqué au téléphone en lingala (langue nationale parlée au Congo) à un correspondant qu’ils avaient des difficultés à identifier le portail de la maison visée.
La RPDH souligne que par principe, toute arrestation suppose l’exécution d’un mandat décerné par un magistrat instructeur. S’agissant des perquisitions, l’article 43 du Code de procédure pénal congolais indique, qu’ aucune perquisition ne peut être diligentée avant 5 heures du matin et après 19 heures du soir, sauf pour les magistrats du ministère public, les juges d’instruction et les officiers de police judiciaire. Les militaires bérets rouges ne sont pas investis de ce droit. Par ailleurs, la RPDH retient que le même Code précise que les perquisitions, visites domiciliaires et saisies ne peuvent être effectuées sans l’assentiment exprès de la personne auprès de laquelle l’opération a lieu.
La tentative d’intrusion nocturne vécue par la RPDH rappelle l’agression dont le journaliste Camerounais Elie SMITH avait fait l’objet dans la nuit du 10 septembre 2014 à son domicile de Brazzaville par des hommes armés. Cette agression a valu à sa sœur un viol collectif et a permis le vol de son matériel de travail. Très récemment encore, dans la nuit du 13 au 14 janvier 2015 à son domicile sis au quartier Diata à Brazzaville, Maître Amédée NGANGA, avocat de l’ex-colonel Marcel NTSOUROU a été agressé par des hommes en arme qui l’ont roué de coups et avaient fini par emporter son ordinateur portatif, ses documents de justice, les dossiers de ses clients et une importante somme d’argent. La RPDH en sa qualité d’organisation de défense et de protection des droits de l’homme dans ses différentes communications avait eu à dénoncer avec force ces faits. Il sied de noter que ces actes barbares ont souvent été couverts par l’impunité aussi bien de leurs auteurs que leur commanditaire.
Face à cette situation d’insécurité récurrente dans les grandes villes de la République du Congo et aux menaces proférées contre les militants des droits de l’homme, la RPDH s’interroge sur les motivations réelles de ce type d’opération. L’organisation s’inquiète au sujet de ces actes de terreur orchestrés et exécutés par des personnes utilisant les instruments de la puissance publique pour régler des comptes politiques; ceci alors même que le Gouvernement ne ménage aucun effort pour appuyer les efforts de lutte contre le terrorisme au niveau sous régional. L’organisation attire l’attention sur le contexte de précarité entretenu en protégeant les auteurs de ces actes. Elle prend à témoin l’opinion publique tant nationale qu’internationale en affirmant que si quelque chose de fâcheux arrivait à l’un de ses membres, encore moins à ses biens meubles et immeubles, elle tiendra pour responsable les autorités congolaises en charge de la sécurité des personnes et des biens. La RPDH demande au Gouvernement :
– De tout mettre en œuvre afin que la sécurité des membres de la RPDH en particulier et plus généralement l’intégrité tant physique que psychologique des défenseurs des droits humains soit garantie au Congo;
– De respecter les instruments légaux en vigueur au Congo portant protection des droits de l’homme et des droits des défenseurs des droits humains ;
– De garantir la sécurité physique des populations et de leurs biens ;
– De prendre des mesures nécessaires afin d’assurer la quiétude aux populations submergées par les préoccupations de survie et par les passions soulevées par le débat inattendu sur le changement ou non de la constitution du 20 janvier 2002.
Fait à Pointe- Noire, le 17 février 2015
Le Bureau exécutif
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