La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH) a mené du 13 au 17 mai, une série de discussions avec les Communautés locales et populations autochtones (CLPA) de certains villages du département de la Lékoumou, notamment à Kengué, Mbomo et Ingolo 2 dans le district de Zanaga et Ngonaka, village du district de Komono. Ces localités sont respectivement riveraines des Unités forestières d’exploitation (UFE) Mapati attribuée à la société SIPAM et Mpoukou-Ogooué attribuée à l’entreprise TAMAN Industries.
Il a été question pour la RPDH d’effectuer un suivi de la gouvernance forestière et climatique en évaluant le niveau « d’inclusion des femmes dans les processus décisionnels au niveau local ». La mission s’est inscrite dans le cadre du programme Forêt, Gouvernance, marché & climat (FGMC), un programme que la RPDH exécute depuis 2021 à travers le projet « Consolider la bonne gouvernance, lutter contre les illégalités » ; ceci avec l’appui technique de l’ONG européenne Fern et le soutien financier du FCDO (Foreign Commonwealth & Developement Office) du gouvernement britannique.
Faire de la gouvernance forestière et climatique un levier pour l’autonomisation de la femme
L’initiative procède de la réalité telle qu’elle est constatée par la RPDH. Au Congo-Brazzaville, les textes dont la loi 33-2020 du 8 juillet 2020 portant Code forestier imposent une gouvernance forestière consensuelle, participative, concertée et inclusive.
« Dans l’exécution de nos projets portant sur le renforcement des capacités des Communautés Locales et Populations Autochtones (CLPA) à s’approprier les nouveaux principes de la gouvernance forestière et climatique, nous avons constaté que les femmes sont les plus impactées négativement par les activités d’exploitation forestière au Congo en général et dans la Lékoumou en particulier. Pire encore, elles sont les plus marginalisées. Dans les cahiers de charge particuliers par exemple, il n’y a pas de projets liés aux femmes. Dans les entreprises, elles ne sont pas représentées. Voilà le degré de marginalisation de la femme, alors que l’ODD 5 parle de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de la femme », explique Christian Mounzeo, coordonnateur de la RPDH.
Un constat partagé par les autres parties prenantes. Les OSC membres des cadres de concertation par exemple expliquent : « Effectivement, on note une très faible représentativité des femmes des villages riverains des exploitations forestières au sein par exemple des conseils de concertation. Et on estime cette représentativité à seulement 1 % », reconnaît Raphaël Zanga, point focal RPDH dans la Lékoumou et représentant de la société civile dans le cadre de concertation relatif aux UFE aménagées de Mpoukou-Ogooué et Bambama.
Ce que confirment les femmes des CLPA. « La compagnie TAMAN n’embauche jamais les femmes. Mais TAMAN n’est pas la seule société à briller par cette marginalisation à l’endroit des femmes. On n’a jamais compris cette injustice. » a, par ailleurs, déploré Christella Stevie Ngolari du village Ngonaka.
Pourtant, il faut faire bouger les lignes afin que la femme profite elle aussi de l’exploitation des ressources forestières pour réaliser sa marche vers l’autonomisation et l’égalité des sexes conformément au cinquième objectif du développement durable (ODD 5) de l’ONU.
« Au sein de la société FORALAC, il y a des femmes qui portent des bottes et des combinaisons pour travailler à la scierie comme font les hommes. Donc, nous aussi nous pouvons faire la mécanique, piloter les engins, bref faire le même travail que les hommes dans les chantiers forestiers. C’est pourquoi nous lançons un appel à l’état et aux entreprises pour que les femmes ne soient plus ignorées dans la gouvernance forestière », a recommandé Marceline Moutimba du village Kengué.
Un appel entendu par les entreprises forestières. « Elles posent un problème réel et légitime. Et nous en prenons acte à l’effet d’agir prochainement en connaissance de cause », a promis Jean Augustin Kokolo, responsable d’exploitation au sein de la SIPAM.
La RPDH est une ONG de défense et de promotion des droits humains dont les droits à un environnement sain et au bien-être socioéconomique des citoyens.
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