Paix et Droits de l'homme

Combattre l'injustice et l'arbitraire pour construire la Paix

3 avril 2025

Forum Lékoumpi: Illégalités forestières

Lékoumou : Un engagement concerté contre les illégalités forestières

La Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) a réuni le 29 mars 2025 à Sibiti, chef-lieu du département de la Lékoumou au sud-ouest du Congo-Brazzaville, les collectivités locales institutions publiques, le secteur privé, la société civile et autres acteurs impliqués dans la gouvernance forestière, autour du « Forum multi acteurs sur les initiatives climatiques et la gestion durable des forêts dans la Lékoumou ».

Ces retrouvailles ont eu pour cadre, la salle de conférence du Conseil départemental de la Lékoumou. Elles se sont inscrites dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Consolider la bonne gouvernance, lutter contre les illégalités », projet réalisé dans le cadre du programme « Forêts, Gouvernance, Marchés et Climat (FGMC) » exécuté par la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) et l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH), avec le soutien financier de l’Agence britannique de développement (FCDO) du Ministère Britannique des Affaires Etrangères et du Commonwealth. Sur le plan technique, la RPDH et l’OCDH bénéficient de l’appui de Fern, une OSC européenne chargée de coordonner les efforts de plaidoyer en direction de l’Union européenne sur les questions forestières et climatiques.

Les travaux ont été placés sous l’autorité de Madame Christiane Ida Khoua, Secrétaire Générale du Conseil Départemental de la Lékoumou, représentant le Président de cette assemblée locale ; ce, en présence et avec l’animation de Christian Mounzéo, Coordonnateur National de la RPDH.

L’objectif du forum était de promouvoir la gestion durable des forêts au niveau local en intégrant les mécanismes internationaux de gouvernance forestière et climatique dont l’Accord de partenariat volontaire (APV), l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (CAFI), le Programme d’accompagnement au changement (PACO), l’Initiative de Transparence dans les Industries Extractives (ITIE)  et le Partenariat forestier.

Situé en plein cœur du massif forestier du Chaillu, le département de la Lékoumou regorge d’un fort potentiel forestier d’une superficie de plus de 17 000 km², soit plus de 84 % de la superficie totale du département. Ce qui explique l’intense activité d’exploitation du bois exercée depuis des décennies par des concessionnaires répartis en 9 Unités forestières d’exploitation (UFE).

Cependant, cette exploitation ne profite pas, comme cela a été repris lors des travaux par des OSC, des témoignages des communautés locales et populations autochtones(CLPA) riveraines des sites d’exploitation et des experts. Christian Mounzeo, Coordonnateur National de la RPDH a estimé que « les CLPA ne pouvaient être les laisser pour compte de cette exploitation forestière. Voilà pourquoi, toute ambition de lutte contre les illégalités devrait prendre en compte une amélioration substantielle des mécanismes d’inclusion, de participation, de concertation et d’implication des dites CLPA dans la prise de décision et la mise en œuvre des réformes affectant leur quotidien» 

Au cours de ce forum, les participants ont soulevé entre autres problématiques, le non-respect des cahiers de charges, les mauvaises conditions de travail, le non-respect des normes environnementales, la non-réalisation du Consentement libre informé et préalable (CLIP), les défis relatifs au non accès à l’information, les lenteurs administratives dans la mise en œuvre des réformes,  le non-respect de la législation par les entreprises asiatiques, la transparence des coûts d’investissement liés aux accords de troc (compensations fiscales contre infrastructures), le renforcement des capacités, la faiblesse des barèmes d’indemnisation, faible collaboration intersectorielle. Ces pratiques qualifiées d’illégalités forestières sont aux antipodes des législations, notamment, la loi 33-2020 du 8 juillet 2020 portant Code forestier.

Forum Lékoumou: Groupes de discussion mis en place pour l'évaluation des réformes

Des recommandations

Tout en saluant les avancées de la nouvelle gouvernance forestière, les participants ont à l’unanimité relevé des insuffisances des politiques de gestion des forêts au Congo en général et dans la Lékoumou en particulier. Parmi ces insuffisances, l’absence des textes d’application, le trafic d’influence, la corruption et le besoin de transparence des propriétaires réels des entreprises pour les amener à fiscaliser leurs dividendes.

Et les conclusions des travaux ont permis de prioriser la nécessité de renforcer la synergie entre les acteurs et les institutions intervenant dans les questions forestières, l’appropriation de l’outil CAJAC (centre d’assistance juridique et d’action citoyenne) dédié à la médiation et à la dénonciation par les  CLPA des cas de corruption et des illégalités, l’urgence de renforcer la collaboration et l’implication des médias dans le suivi des activités des entreprises, la diligence dans les processus de validation des textes d’application des lois existantes afin de garantir et rendre effective la gestion participative, inclusive et concertée des forêts congolaises.

Partager

Articles liés

30 mars 2025

Sibiti, 29 mars 2025 – Sous l’égide de la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH), la ville de Sibiti a accueilli un forum majeur sur la gouvernance forestière, réunissant acteurs institutionnels, représentants des communautés locales, société civile et exploitants forestiers. Organisée dans le cadre du projet FGMC « Consolider la bonne...