Les autorités du Congo doivent libérer immédiatement et sans condition un dirigeant de l’opposition, arrêté et détenu depuis plus de deux mois pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International lundi 1er février 2016.
Paulin Makaya, président du parti Unis pour le Congo (UPC), a été arrêté le 23 novembre 2015 alors qu’il s’était rendu au bureau du procureur général pour y être interrogé. Il est inculpé d’infractions en rapport avec sa participation à une manifestation organisée le 20 octobre à Brazzaville pour protester contre les amendements à la Constitution du pays.
« Le droit d’exprimer des opinions politiques et le droit de manifester pacifiquement sont des droits fondamentaux qui doivent toujours être respectés et protégés, particulièrement en période électorale, a déclaré Alioune Tine, directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et de l’Ouest.
« Paulin Makaya et d’autres personnes détenues simplement pour avoir exercé ces droits doivent être libérés immédiatement et sans condition. »
Amnesty International estime que Paulin Makaya, ainsi que plusieurs autres accusés arrêtés durant la même période, sont des prisonniers d’opinion détenus uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs opinions politiques.
Le traitement réservé à Paulin Makaya a enfreint plusieurs normes internationales d’équité des procès, ainsi que la législation nationale. Il a été interrogé à plusieurs reprises sans son avocat, détenu pendant sept jours sans être inculpé ni comparaître devant un tribunal, et il a fallu sept semaines, et non cinq jours comme le prévoit la loi congolaise, pour qu’il obtienne une réponse à sa demande de libération sous caution – finalement refusée le 20 janvier.
Parmi les accusations portées à l’encontre de Paulin Makaya figurent l’incitation à troubler l’ordre public, la détention illégale d’armes de guerre et de munitions, et la complicité en vue de provoquer des incendies.
« Toutes les charges retenues contre Paulin Makaya doivent être abandonnées. À l’approche des élections nationales, les autorités doivent promouvoir et faciliter les manifestations pacifiques et respecter l’expression d’opinions divergentes », a déclaré Alioune Tine.
Complément d’information
Le 20 octobre 2015, les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles réelles contre des personnes qui manifestaient contre le projet de réforme constitutionnelle, à Brazzaville.
Le 25 octobre 2015 a eu lieu un référendum visant à permettre, entre autres, au président en exercice de briguer un troisième mandat en 2016.
Ce référendum a été précédé par des manifestations organisées à Brazzaville, à Pointe-Noire et dans d’autres villes, les contestataires entendant exprimer leur opposition aux projets de modification de la Constitution.
Les heurts entre forces de sécurité et manifestants ont fait au moins 16 morts parmi les manifestants et les passants, à Brazzaville et Pointe Noire.
Durant la période qui a précédé le référendum, la liberté d’expression a été fortement restreinte : les services d’Internet mobile et de messages texte, et le signal de transmission de certaines stations de radio ont été coupés à Brazzaville.
L’élection présidentielle, initialement prévue en juillet 2016, aura finalement lieu le 20 mars.