Jacob Zuma, ancien président sud-africain, est actuellement derrière les barreaux dans sa province natale du KwaZulu-Natal. Accusé de corruption, il a refusé de témoigner dans le cadre de l’enquête sur la capture d’État, ce qui lui a valu une peine de 15 mois de prison.
Zuma est l’un des rares chefs d’État africains à avoir fait face à des accusations de corruption dans leur propre pays. Sa démission en 2018 et les enquêtes qui ont suivi sont la victoire du peuple sud-africain, propulsé par la société civile, des médias courageux et des tribunaux vigilants. Les événements qui se déroulent en Afrique du Sud contiennent donc des leçons pour l’ensemble de la région.
La corruption, en particulier la corruption de haut niveau et la grande corruption, constitue un obstacle important à la gouvernance démocratique, à la protection des droits de l’homme et au développement durable en Afrique. Consciente de cette menace, l’Union africaine a adopté ce jour, il y a 18 ans, la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC) à Maputo, au Mozambique. Depuis 2017, les pays de la région marquent le 11 juillet comme la Journée africaine annuelle de lutte contre la corruption.
Les progrès réalisés à ce jour
À en juger des engagements de l’Union africaine en matière de lutte contre la corruption, les gouvernements de la région semblent désireux de s’attaquer à ce fléau. À ce jour, 44 des 55 pays africains ont ratifié la CUAPLC. Comme l’exige la convention, les pays ont mis en place des lois et des institutions nationales de lutte contre la corruption.
Presque tous les pays disposent désormais d’une agence gouvernementale spécialisée dans la lutte contre la corruption. En outre, de nombreux pays disposent d’agences spécialisées dans des domaines spécifiques de la lutte contre la corruption, comme les services de renseignements financiers pour lutter contre le blanchiment d’argent et les flux illicites, les agences d’intégrité pour lutter contre les conflits d’intérêts et l’enrichissement illicite, entre autres.
La corruption, cependant, ne semble pas bouger et l’Afrique reste la région la plus touchée par ce fléau. Dans toute la région, des fonctionnaires peu scrupuleux ont été exposés comme des cibles faciles pour des multinationales – comme Glencore, Odebrecht et Semlex – qui ont recours à la corruption en échange de contrats gouvernementaux et de licences lucratives. En outre, la région continue de subir des sorties massives de ses ressources à travers des flux financiers illicites, ce qui réduit la capacité des gouvernements africains à fournir des services de base à leurs citoyens.
Compte tenu du peu de ressources disponibles, laes fourniture deservices publics est également gangrenée par la corruption. Plus d’un citoyen africain sur quatre doit payer un pot-de-vin pour accéder aux services de base.
Par : Paul Banoba, conseiller régional pour l’Afrique à Transparency International