Dans le cadre des activités du projet « Intégrité dans les initiatives climatiques comme REDD+ », mis en œuvre par la RPDH avec son partenaire technique Transparency International (TI) et grâce à l’appui financier de l’Agence Française de Développement (AFD), la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) a organisé du 14 au 16 mai 2019, deux débats communautaires sur les changements climatiques, le processus REDD+ et la lutte contre la corruption dans le secteur forestier, dans le département de la Lékoumou, respectivement dans les localités de Zanaga et Bambama.
Une centaine de participants dans les deux localités, parmi eux : des autorités locales, comités des villages, chefferies des quartiers, représentants d’OSC, représentants de l’administration publique, des secteurs forestier et judiciaire en particulier, groupements de femmes, des jeunes et des représentants des populations autochtones. Ces débats ont été animés sous le thème« Améliorer la gouvernance forestière et climatique à travers la promotion de la transparence et la lutte contre la corruption ».
A travers ces activités, RPDH entendait vulgariser le processus REDD+, en contribuant à améliorer la connaissance de ce processus et son appropriation par le public; Susciter une prise de conscience citoyenne dans le but d’inciter les populations à promouvoir la réduction des émissions des gaz à effets de serre ; amener les médias locaux à devenir des acteurs à part entière du débat sur la gestion responsable des forêts et la lutte contre la corruption dans le processus REDD+ ; Vulgariser l’outil CAJAC au sein des communautés de Zanaga et Bambama pour les impliquer dans le suivi des cas de corruption dans la REDD+ ; Amener les victimes et témoins des cas de corruption en matière forestière et REDD+ à déposer des requêtes au CAJAC ; Evaluer le degré de participation des communautés locales et populations autochtones dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des plans d’aménagements des UFE ; suivre les activités des sociétés forestières et Mener des activités de suivi des projets pilotes REDD+ dans lesdites localités.
Les débats communautaires de Zanaga et Bambama ont été l’occasion pour les communautés locales et populations autochtones (CLPA) de s’exprimer sur les conditions de vie dans leurs localités. Elles ont ainsi dénoncé les présumés actes de corruption, de violations des droits de l’homme et droits d’usages auxquels elles sont victimes. Ces actes sont pour la plupart des cas le résultat des initiatives des entreprises forestières et minières, avec l’appui on dira complice des pouvoirs publics. Ceci, bien entendu, concourt à priver les CLPA des informations pertinentes sur les outils de la gouvernance forestière et minière comme les Compte-rendu des réunions, de validation des plans d’aménagement des UFE, du comité de suivi et d’évaluation des plans d’aménagement, du comité de suivi et évaluation des plans de gestion, plans d’aménagement des UFE ou résumé, plans de gestion, cahiers de charge.
En outre, les débats ont suscité des échanges directs fructueux entre les CLPA et les autorités locales. En effet, les CLPA ont exprimé leurs besoins. Et en conséquence, des actions de plaidoyer ont été retenues par les acteurs publics et privés impliqués dans la gouvernance forestière pour donner suite aux recommandations émises par les populations.
Enfin, pour pérenniser le partage d’expériences en matière des changements climatiques, REDD+ et de lutte contre la corruption, la RPDH a mis en place un comité CAJAC-REDD+ dans chaque localité, comité regroupant les diverses sensibilités présentes aux débats pour le suivi des activités d’exploitation forestière et minière illégale.
Au terme de ces moments d’échanges, des recommandations et propositions ont été formulées par les participants : dont les principales sont :
A l’endroit du Gouvernement :
- Rendre disponible et accessible les cahiers de charge aux autorités locales et communautés riveraines des zones d’exploitation pour appropriation et utilisation ;
- Impliquer les autorités locales, les communautés locales et populations autochtones dans les processus d’élaboration, validation, mise en œuvre des cahiers des charges pour en améliorer le suivi de la mise en œuvre ;
- Mettre en place des mesures compensatoires sur tous les préjudices causés par le conflit homme-éléphant ;
- Etendre les campagnes de sensibilisation sur le processus REDD+ dans tout le département de la Lékoumou y compris dans les villages éloignés afin de les impliquer davantage dans le mécanisme de partage des bénéfices ;
- Finaliser le processus d’aménagement des forêts du Sud en insérant le chapitre reboisement dans tous les documents de gestion desdites concessions ;
- Réviser les plans d’aménagement des concessions forestières pour agrandir les séries de développement communautaire ;
- Mettre en place un Comité de Gestion de Développement Communautaire (CGDC) inclusif dont les membres seront élus pour un mandat déterminé ;
- Mettre en place un comité de suivi-évaluation des plans d’aménagement de tous les UFE de la Zone forestière en insérant la participation des communautés locales et populations autochtones ;
- Actualiser les méthodes d’exploitation forestière de la zone sud en mettant l’accent sur la participation et l’implication des CLPA et la prise en compte des besoins de celles-ci ;
- Mener des études d’impact environnemental et social des concessions forestières de la Zone forestière sud ;
- Renforcer la communication entre les populations, autorités locales et le secteur privé sur les outils de gouvernance forestière et climatiques ;
- Associer les CLPA dans les missions de suivi-évaluation du développement des activités forestières et minières en s’appuyant sur le CLIP.
A l’endroit du secteur privé :
- Respecter le consentement libre, informé et préalable lors des campagnes ainsi que la mise en œuvre des projets d’investissement en matière forestière et minière ;
- Réaliser des études d’impact environnemental et social en amont et en aval sur tout projet dont la zone d’exploitation est riveraine des CLPA.
- Renforcer les capacités techniques des communautés sur la manipulation et l’utilisation des outils de gouvernance forestière et minière ;
A l’endroit des OSC :
- Former les communautés locales sur l’utilisation et le suivi de l’exécution des cahiers de charges ;
- Mener des actions de plaidoyer à l’endroit du secteur privé sur la responsabilité sociétale des entreprises, le respect des cahiers de charge et des outils de gouvernance forestière et minière.
Madame Missié Odile Christiane, Présidente de l’association pour le développement de Bambama a estimé qu’elle maitrise désormais le lien entre la REDD+ et la corruption, grâce au partage des messages clés sur le processus REDD+ et sur la lutte contre la corruption par la RPDH.
Pour sa part, Madame Lekoulediamé Caroline, membre du Cajac Zanaga a dit : « Je suis motivée à l’idée de travailler pour le CAJAC-REDD+. Je serais capable dorénavant d’identifier, recenser et témoigner des cas de corruption et autre violation dans le secteur forestier et la REDD+ ».