Brazzaville-Pointe-Noire, le 27 novembre 2018. Dans la perspective de contribuer à l’amélioration des politiques publiques à travers le suivi des investissements publics dans le domaine de la santé, la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) a évalué l’effectivité des mesures de gratuité prises par le Gouvernement Congolais entre 2007 et 2010 dans le domaine de la santé. Ces mesures concernent: la prise en charge de la césarienne, le traitement du paludisme pour les enfants de 0 à 15 ans et les femmes enceintes et l’accès aux antirétroviraux. L’évaluation de ces mesures s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcer le rôle de la société civile dans l’analyse et le suivi des politiques publiques et le contrôle citoyen de l’action publique- PACIDES », financé par la Délégation de l’Union européenne en République du Congo, pour la période 2016-2019.
Cette étude s’appuie sur les données collectées par les comités de veille formés par la RPDH dans les localités de Pointe-Noire, Brazzaville, Dolisie, Mossendjo, Owando et Makoua. Ses résultats font état des dysfonctionnements dans l’application des mesures de gratuité.
Selon les informations recueillies auprès des patients et des responsables des structures sanitaires, la gratuité de la césarienne, des antirétroviraux et du traitement du paludisme pour les enfants de 0 à 15 ans, a connu une application effective, au lendemain de sa publication par le gouvernement. Cependant, depuis plus de deux ans, ces mesures ne sont plus observées à la lettre. Les personnels évoquent des ruptures récurrentes d’approvisionnement. En effet, les structures sanitaires ne sont plus ravitaillées en kits de césarienne et produits antipaludiques, encore moins en antirétroviraux. En conséquence, ces services sont redevenus onéreux.
Tout compte fait, l’étude met en relief l’ensemble des problèmes qui entravent l’effectivité de la mise en œuvre de la politique de gratuité, en particulier : le déficit de communication, la discontinuité de l’offre du service de prise en charge du fait des ruptures intempestives de médicaments, la vente illicite des médicaments et le phénomène de corruption, l’absence de contrôle et de sanction des agents véreux, le manque de motivation et l’insatisfaction du personnel de santé, ainsi que le problème d’accès aux documents et autres données officielles et à l’information.
Au terme de ce constat, la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme recommande :
–Au Gouvernement de la République, de créer un fonds spécial d’appui à la décision de gratuité des soins de santé et inciter les différents partenaires au développement à participer à son financement.
Au Ministère de la santé et de la Population,d’informer et de sensibiliser la population sur la liste des médicaments essentiels auxquels les bénéficiaires de la mesure ont droit ; de renforcer les mécanismes de contrôle en termes de gestion des stocks et de distribution aux bénéficiaires.
Au Ministère des Finances,d’instaurer les mécanismes pertinents et efficaces de vérification de l’utilisation des ressources octroyées aux formations sanitaires dans le cadre de la mise en œuvre de la mesure de gratuité. A la société civile, citoyens et médias,d’investiguer et de dénoncer les actes de corruption relatifs à l’exécution de la mesure de gratuité ; de vulgariser l’information sur la mesure de gratuité et de s’impliquer dans le travail de suivi des investissements publics.
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