Une délégation de la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’homme (RPDH) a séjourné du 28 juin au 1er juillet 2018 à Owando et Makoua. La mission avait doubles objectifs : Lancer la campagne de lutte contre corruption à Makoua et Owando à travers la sensibilisation sur l’outil CAJAC (centre d’assistance juridique et d’action citoyenne) d’une part, rechercher et collecter les informations pour l’outil d’évaluation de la corruption locale qu’est le Système d’Intégrité Locale (SIL).
La corruption est un fléau qui freine le développement socio-économique. Elle est l’une des causes principales de la pauvreté dans les pays tel que le Congo-Brazzaville. Cet état de fait explique pourquoi les réformes en matière de lutte contre la corruption font parties des conditionnalités majeures qu’imposent les institutions comme le Fonds Monétaire International dans le partenariat et l’appui apportés aux pays pauvres mais riches par leurs ressources naturelles.
Pour que cette lutte soit possible et effective, la contribution de tous les acteurs sociaux est nécessaire. Les organisations de la société civile soucieuses d’apporter leur pierre à l’édifice en mettant en œuvre diverses stratégies dans ce sens. Telle est l’ambition de La Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) bénéficiaire de l’appui technique et financier de l’Union européenne dans le cadre de l’exécution du projet « Renforcer le rôle de la société civile dans l’analyse et le suivi des politiques publiques et le contrôle de l’action citoyenne».
Dans ce cadre, la RPDH a entrepris une mission de terrain dans la Communauté urbaine de Makoua (Département de la Cuvette) et la Commune de Mossendjo (Département du Niari). Dans ces deux localités, l’organisation expérimente le Système d’Intégrité Locale (SIL) qui est un outil mis en place par Transparency International pour mesurer l’intégrité du système anti-corruption d’une localité. Transparency International a développé le SIL dans le but d’évaluer l’existence et l’efficacité des procédures et mécanismes visant à promouvoir la transparence, la redevabilité et l’intégrité et afin de lutter contre la corruption au niveau local ; fournir des recommandations sur les axes de réformes utiles à l’amélioration de la gouvernance locale et élaborer un plan de mesures de suivi pour renforcer l’intégrité locale en collaboration avec les parties prenantes intéressées.
Il ne s’agit pas d’indexer telle ou telle autre localité comme étant plus corrompue ou moins corrompue. Il est plutôt question de constater le niveau d’applicabilité des textes régissant les pratiques professionnelles afin d’apporter de façon consensuelle les solutions idoines. Le SIL s’élargit aussi aux pratiques administratives non codifiées qui sont sources de beaucoup de malentendus et d’indignations.
La phase de collecte des données notamment celle des enquêtes a été lancée à Makoua le 29 juin 2018. Cette phase conduira à la rédaction d’un rapport d’évaluation d’intégrité locale et par conséquent à la présentation d’un tableau des pratiques professionnelles. Des suggestions et recommandations accompagneront le rapport.
De même, la RPDH met en œuvre un autre outil anti-corruption : le Centre d’Assistance Juridique et d’Action Citoyenne –CAJAC-. Le CAJAC comme le SIL est aussi un outil de Transparency International. Centre d’accueil des victimes et témoins d’actes de corruption, le CAJAC aide les témoins et victimes à structurer les plaintes et les oriente vers les instances compétentes. Il facilite également le dialogue entre les populations et l’administration, voir le secteur privé. Le CAJAC a pour objectif de renforcer les pouvoirs des citoyens lorsqu’ils déposent plainte pour des cas de corruption, faire le suivi devant les administrations concernées. Ainsi, trois valeurs le caractérisent : l’accueil, la confidentialité et l’intégrité.
La campagne de sensibilisation et d’information sur le CAJAC a été lancée le 30 juin à Makoua et le 1er juillet 2018 à Owando, avec comme leitmotiv : « Ensemble brisons la chaine de la corruption !»
Pour les deux outils, des comités consultatifs –une sorte de comité de veille- ont été mis en place dans chaque localité pour accompagner la démarche.
Justin Ducker MAMBIKI