Une mission du Fonds monétaire international doit se rendre à Brazzaville fin août pour négocier la mise en place d’un programme d’ajustement budgétaire. Une négociation dans laquelle les autorités démarrent fragilisées, après les révélations concernant la dette cachée du pays : affichée à 77%, elle est en réalité de près de 120% du PIB.
Brazzaville est désormais au pied du mur. Le Fonds Monétaire International a confirmé, samedi, les informations révélées mardi 1er août par RFI : Brazzaville a caché une grosse partie de sa dette. Estimée en mars dernier à 77% du PIB, elle atteint en fait 120%. Ce ne sera pas sans conséquences sur les négociations en cours avec le FMI sur la mise en place d’un programme d’ajustement budgétaire dont les autorités congolaises se seraient bien passées.
Le Congo a bien tenté ces derniers mois de trouver des fonds ici et là pour apurer sa dette et échapper ainsi aux fourches caudines du FMI. Mais ces efforts sont restés vains. Et les dernières révélations sur l’état de ses comptes ont achevé de le discréditer auprès de ses bailleurs.
La croissance économique est en berne depuis 2015. Le pays pâtit notamment de l’effondrement des cours du pétrole, dont l’économie congolaise dépend à 60%. Mais la dette congolaise explose en fait depuis 2013, et dépasse désormais largement les 60% admis comme limite dans les critères de convergence de la CEMAC, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale.
Les arriérés de paiement aux créditeurs étrangers ont beaucoup augmenté. Ils sont évalués à plus de 56 milliards de FCFA par le FMI (85,3 millions d’euros). C’est à la Chine, son premier prêteur, que le Congo doit le plus d’argent, suivie de la France et du Brésil.
La Chine, son premier prêteur, refuse aujourd’hui de rééchelonner la dette du pays sans autre garantie, confie une source proche du dossier. Pékin verrait même finalement dans le FMI un outil propre à contraindre le Congo à une meilleure gouvernance budgétaire.
Sassou Nguesso « traumatisé » par le plan de 1986
Après avoir trainé des pieds, le président congolais Denis Sassou NGUESSO, isolé, a donc fini par accepter le principe d’un programme d’ajustement budgétaire sous la houlette du FMI, selon plusieurs sources contactées par RFI. Reste, désormais, à négocier les termes du contrat.
C’est le mandat de la mission du Fonds monétaire international qui doit se rendre à Brazzaville fin août. Une mission difficile, tant le président congolais est, dit-on, « traumatisé » par le précédent programme structurel conclu entre son pays et le FMI en 1986. Les réformes imposées s’étaient alors soldées par des coupes budgétaires drastiques, débouchant sur une vaste contestation sociale. Le programme du FMI de 1986 aurait donc, dans le souvenir de Denis Sassou NGUESSO, contribué à sa chute en 1992.
Par ailleurs, la mise en place d’un programme structurel du FMI signifie également une obligation de transparence sur les comptes du pays et sur les circuits de l’argent du pétrole. Et, donc, certaines mesures impopulaires au sein même du régime comme, par exemple, la fin des exonérations fiscales pour toute une série d’entreprises dirigées par des proches du pouvoir.