Paix et Droits de l'homme

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26 janvier 2017

transparency

Indice de perception de la corruption 2016 : le cercle vicieux de la corruption et de l’inégalité doit être combattu

Le nombre croissant de politiciens populistes dans de nombreux pays est un signal d’alarme.

L’année 2016 a montré que, dans le monde entier, la corruption systémique et l’inégalité sociale se renforcent mutuellement, conduisant à une désillusion populaire vis-à-vis du monde politique et fournissant un terreau fertile à la montée des politiciens populistes.

Soixante-neuf pour cent des 176 pays figurant dans l’Indice de perception de la corruption 2016 enregistrent une note inférieure à 50, sur une échelle allant de 0 (où le pays est perçu comme très corrompu) à 100 (où le pays est perçu comme très peu corrompu).

Cela montre combien la corruption est importante et omniprésente dans le secteur public à travers le monde. Cette année, les pays ayant perdu des places dans le classement de l’indice sont plus nombreux que ceux en ayant gagné, ce qui démontre la nécessité d’une action urgente.

Pas d’égalité des chances pour tous

La corruption et l’inégalité se nourrissent l’une de l’autre, créant un cercle vicieux entre la corruption, la distribution inégale du pouvoir dans la société et la répartition inégale de la richesse. Comme l’a mis en évidence l’affaire des « Panama Papers », il est encore trop facile pour les riches et les puissants d’exploiter l’opacité du système financier mondial afin de s’enrichir au détriment du bien public.

Dans de trop nombreux pays, les besoins les plus élémentaires des citoyens ne sont pas satisfaits et ces derniers se couchent tous les soirs le ventre vide à cause de la corruption, alors que les puissants et les corrompus jouissent d’un mode de vie somptueux en toute impunité, a déclaré José Ugaz, président de Transparency International.

Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d’attendre. La corruption doit être combattue d’urgence, afin que la vie des gens s’améliore dans le monde entier, a ajouté José Ugaz.

Les cas de grande corruption, de Petrobras et Odebrecht au Brésil à l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, montrent comment la collusion entre les entreprises et les politiciens prive les économies nationales de milliards de dollars de recettes qui sont siphonnés au profit de quelques personnes et au détriment du plus grand nombre. Ce type de grande corruption systémique viole les droits humains, empêche le développement durable et alimente l’exclusion sociale.

La note du Brésil sur l’indice, par exemple, a considérablement baissé par rapport à il y a cinq ans, du fait de la dénonciation d’une série de scandales successifs impliquant des politiciens et des hommes d’affaires de haut niveau. Pourtant, le pays a démontré cette année que, grâce à l’indépendance des institutions chargées de l’application de la loi, il est possible de demander des comptes à des individus qui auparavant étaient considérés comme intouchables.

Le populisme est le mauvais remède

Les citoyens en ont assez des promesses vaines proférées par trop de politiciens qui jurent de s’attaquer à la corruption, et beaucoup se tournent vers des politiciens populistes qui promettent de changer le système et de briser le cycle de la corruption et des privilèges. Pourtant, cela ne fera probablement qu’exacerber le problème.

 Dans les pays dirigés par des leaders populistes ou autocrates, nous constatons souvent des démocraties en déclin et des tentatives inquiétantes de réprimer la société civile, de limiter la liberté de la presse et d’affaiblir l’indépendance du pouvoir judiciaire. Au lieu de s’attaquer au capitalisme de connivence, ces leaders installent généralement des formes de systèmes corrompus qui sont encore pires, a déclaré José Ugaz.

Ce n’est que lorsque la liberté d’expression, la transparence dans tous les processus politiques et de solides institutions démocratiques existent que la société civile et les médias peuvent exiger des personnes au pouvoir qu’elles rendent des comptes et que la corruption peut être combattue avec succès. 

Les notes attribuées par l’indice à la Hongrie et à la Turquie — pays qui connaissent une montée de dirigeants autocrates — ont baissé ces dernières années. En revanche, la note de l’Argentine, qui a chassé du pouvoir un gouvernement populiste, commence à s’améliorer.

 

Ce qu’il faut faire

Il ne suffit pas d’apporter des corrections techniques aux lois luttant spécifiquement contre la corruption. Ce qu’il est urgent de faire, ce sont de profondes réformes systémiques qui compensent le déséquilibre croissant du pouvoir et des richesses en habilitant les citoyens à mettre fin à l’impunité généralisée de la corruption, à demander des comptes aux puissants et à avoir véritablement leur mot à dire dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne.

Ces réformes doivent inclure la divulgation par le biais de registres publics du nom des propriétaires d’entreprises, ainsi que des sanctions pour les facilitateurs professionnels qui se rendent complices de transferts transfrontaliers de flux d’argent obtenu de manière frauduleuse.

 

Les résultats

L’Indice de perception de la corruption 2016 porte sur les perceptions de corruption dans le secteur public dans 176 pays.

Le Danemark et la Nouvelle-Zélande obtiennent les meilleurs résultats avec une note de 90, suivis de près par la Finlande (89) et la Suède (88). Bien qu’aucun pays ne soit exempt de corruption, les pays en haut du classement partagent les caractéristiques suivantes :gouvernement transparent, la liberté de la presse, la garantie des libertés civiles et des systèmes judiciaires indépendants.

Pour la dixième année consécutive, la Somalie est le pays le moins performant de l’indice, où elle enregistre cette année une note de 10 seulement. Le Soudan du Sud est en avant dernière position avec une note de 11, précédé de la Corée du Nord (12) et de la Syrie (13). Les pays en bas du classement se caractérisent par une impunité généralisée dans les affaires de corruption, une mauvaise gouvernance et des institutions faibles.

Les pays des régions en difficulté, en particulier au Moyen-Orient, ont enregistré les baisses les plus importantes cette année. Le Qatar est le pays qui a perdu le plus de places au classement par rapport à l’indice 2015 avec une baisse de 10 points.

Les scandales de la FIFA, les enquêtes sur la décision d’accueillir la Coupe du monde en 2022 au Qatar et les rapports de violations des droits humains pour les travailleurs migrants ont eu des répercussions évidentes sur la perception du pays.

José Ugaz

 

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