La Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP) et la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) ont publié le samedi 16 mai 2015, une note de position en relation avec le lancement le jeudi 14 mai 2015, de l’opération Mbata ya Bakolo à Pointe-Noire. Dans cette note, elles rappelaient à l’opinion publique nationale et internationale, le devoir pour tout Etat de définir sa politique d’immigration et procéder au contrôle des étrangers vivant sur son territoire. Par ailleurs, elles exprimaient leur désapprobation vis-à-vis des atteintes à la dignité et aux droits des personnes interpellées et retenues dans le cadre de cette opération. De même, elles s’indignaient face aux moyens déployés et aux répercussions financières de ladite opération.
Les deux organisations signalaient des violations de la liberté d’expression, à travers les arrestations arbitraires et la détention illégale de jeunes vendeurs de CD relayant le meeting des partis de l’opposition tenu le dimanche 03 mai 2015 à Pointe-Noire. Cette note de position, qui a été relayée par la presse nationale et internationale, a conduit les autorités policières nationales à organiser un point de presse sur l’opération Mbata ya Bakolo, le mardi 19 mai 2015 à Pointe Noire.
La CDJP et la RPDH saluent cette initiative de la direction générale de la police nationale qui, bien qu’intervenant (04) quatre jours après le lancement de l’opération Mbata ya bakolo à Pointe-Noire, a permis de réunir outre les ONG, les représentants des communautés étrangères et les médias. A l’occasion de ce point de presse, des informations incluant des données chiffrées sur l’opération, ont été mises à la disposition de l’auditoire. Cependant, au regard de certains propos tenus par le commandement de la police, les deux organisations affirment par le présent communiqué n’avoir jamais été sollicitées, dans le cadre de leur éventuelle participation au déroulement de la dite opération, tant à Pointe-Noire qu’à Brazzaville ; ce constat implique bien d’autres organisations de défense des droits de l’homme du Congo.
La CDJP et la RPDH rappellent aux autorités policières qu’elles sont des organisations de la société civile, dotées du mandat de promotion et de défense des droits de l’homme. A ce titre, elles déploient leurs membres sur le territoire afin d’effectuer le suivi de la situation des droits humains. Les deux organisations affirment par ailleurs qu’elles réalisent leurs missions en toute objectivité et en toute impartialité. C’est l’occasion d’indiquer hic et nunc qu’aucune motivation de quelque nature que ce soit n’a jamais guidé l’action de la RPDH ou de la CDJP. Les propos tenus en la matière par certains hauts responsables de la police nationale n’engagent donc que ces derniers.
Nos deux OSC ne s’expliquent pas le fait qu’en dépit des garanties apportées lors du point de presse, sur l’accès libre des défenseurs des droits de l’homme au site de rétention des sujets en séjour irrégulier et en attente d’expulsion, le lendemain, soit le mercredi 20 mai 2015, les membres de la RPDH, de l’OCDH et de la CDJP n’aient pas été autorisés à effectuer la visite du site, situé en diagonale du commissariat central de police de Pointe-Noire, par l’officier en poste, qui a déclaré n’avoir reçu aucun ordre venant de sa hiérarchie. D’où elles se posent les questions de savoir :
Y aurait-il eu déficit de communication dans la chaîne de commandement ? Ce refus traduirait-il une certaine opacité dans le déroulement d’une opération que les autorités policières voudraient transparente ? A l’observation, il a été noté que les personnes présentes sur le site, plus d’une centaine, étaient assises sur des chaises recouvertes de tentes, sans matelas ni sanitaires décents. Les nuits se déroulant dans ces conditions, quel a donc été le recours face aux intempéries survenues ces derniers jours ?
Malgré les arguments développés par la Direction Générale de la Police Nationale face à la mobilisation d’un arsenal excessif de répression des émeutes, les organisations restent convaincues de la disproportion des moyens utilisés dans le cadre de l’opération et du sentiment de psychose en particulier, qui au sein des populations de Pointe-Noire. Aussi, l’aspect financier demeure préoccupant, s’agissant en particulier du coût final d’une telle opération et de son impact définitif sur les problèmes réels qui affectent les congolais.
Les deux Organisations estiment que l’opération Mbata ya Bakolo dans sa seconde phase, a été lancée dans une certaine précipitation, étant donné les conditions de rétention des personnes interpellées, qui impliquent une absence de préparation préalable, les déficits de communication sur la base desquels certaines personnes ont dû payer des sommes d’argent pour regagner leurs domiciles après les arrestations, etc. Erreurs à corriger dans l’immédiat étant donné que l’opération entend s’inscrire dans la durée à Pointe-Noire et au sein des autres départements.
Fort de tous ces constats, les préoccupations et les recommandations de la précédente note de position suscitée et pour lesquelles des réponses se font toujours attendre, demeurent d’actualité, c’est ainsi que la CDJP et la RPDH appellent de nouveau les autorités policières à faire preuve d’un sens élevé de responsabilité et réitèrent de :
- Mettre un terme au climat de psychose qui sévit dans la ville de Pointe-Noire ;
- Humaniser davantage les conditions de vie au niveau du site de rétention ;
- Respecter les engagements pris lors du point de presse aux fins d’éviter les débordements et les bavures policières pendant le déroulement de l’opération ;
- Sanctionner sévèrement les policiers qui enfreindront les lois et règlements en vigueur ;
- Tenir le public régulièrement informé des différentes étapes de l’opération.
Fait à Pointe Noire, le 22 mai 2015
Pour la RPDH
Christian MOUNZEO |
Pour la CDJP
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