Les Organisations de la Société Civile (OSC) signataires de la présente déclaration sont vivement préoccupées au sujet de la persistance du mouvement de grève qui perdure dans le secteur de l’enseignement depuis le 25 février 2013. Ce mouvement lancé par la Concertation pour la Revalorisation de la Profession d’Enseignant (CRPE), paralyse le système éducatif sur tout le territoire national aujourd’hui.
En rappel, c’est en septembre 2012 que les syndicats du sous-secteur de l’enseignement avaient déposé leur cahier de charges auprès du Gouvernement, notamment des ministères concernés, en vue de la prise en compte au titre de l’année 2013, des revendications des personnels de l’enseignement, parmi lesquelles essentiellement : l’adoption du statut particulier avec le relèvement du point d’indice, la publication des textes d’harmonisation et le paiement des rappels des soldes d’activité. Malgré la mise en place de commissions techniques chargées d’examiner ces revendications, un véritable dialogue n’a pas eu lieu à ce jour entre les enseignants grévistes et le Gouvernement. Les OSC ont par ailleurs constaté que des trois revendications présentées, une seule, est en cours de règlement, à savoir le paiement des rappels des soldes d’activité, qui du reste, ne concernerait qu’une partie des enseignants. S’agissant du statut particulier des personnels de l’enseignement, sa rédaction aurait été achevée. Toute fois, ce texte qui doit au préalable être adopté par le Parlement, devrait suivre un long circuit administratif avant d’être promulgué par le Président de la République.
Les OSC signataires dénoncent le manque d’empressement du Gouvernement à résorber cette crise, qui fait planer le risque d’une année blanche dans le secteur de l’enseignement, ce qui constituerait une grave atteinte au droit à l’éducation, consacré par l’article 23 de la Constitution, qui corrobore la disposition supranationale édictée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en son article 26 alinéa 1er :« Toute personne a droit à l’éducation… ». Cela est d’autant plus étonnant que le Chef de l’Etat, dans son adresse à la nation en décembre 2012, avait dédié l’année 2013, à « l’enseignement de base et à la formation qualifiante ».
Les OSC signataires déplorent la campagne de harcèlement et d’intimidations perpétrée à l’encontre des syndicalistes grévistes, par les services de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST) notamment, et condamnent par conséquent ces entraves à l’exercice du droit syndical et de grève, édictés par la Constitution congolaise du 20 Janvier 2002, qui stipule en son article 25 : « … les citoyens congolais jouissent des libertés syndicales et du droit de grève… ». En effet, les OSC signataires ont été informées de l’interpellation, les 1ers et 2 avril 2013, à leurs domiciles à Brazzaville, des responsables de la CRPE, Daniel Ngami, et Luc Mban Mongo, par les services de la surveillance du territoire, avant d’être relaxés quelques jours plus tard. Par la suite, soit le 6 avril 2013, le syndicaliste Daniel Ngami publiait une déclaration dans laquelle il demandait pardon aux élèves et appelait à la reprise des cours ; appel en dépit duquel la grève a été maintenue.
Au regard de ce qui précède, les Organisations de la Société Civile signataires de la présente déclaration appellent le Gouvernement de la République au devoir de responsabilité qui l’incombe, à œuvrer pleinement pour la reprise effective des cours sur toute l’étendue du territoire national. Elles invitent le Gouvernement à diligenter le règlement de ce dossier, compte tenu :
i) Des risques encourus par les élèves, notamment la perte des notions scolaires du fait du temps passé par eux en inactivité ;
ii) Des conséquences désastreuses, aussi bien sur les élèves, qui verraient de la sorte une année de leur vie mise entre parenthèses, que sur les parents, dont les faibles revenus seraient davantage affectés.
A cet effet, les OSC signataires, recommandent au Gouvernement de la République de :
– Garantir l’intégrité physique et psychologique des syndicalistes actuellement persécutés et en cas de détention, procéder à leur libération immédiate ;
– Garantir la liberté syndicale au Congo, en mettant un terme au harcèlement en cours, conformément aux dispositions de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et de la Constitution du 20 janvier 2002 ;
– Régler dans un délai bref les revendications exprimées par les enseignants ;
– Garantir la sécurité des élèves et des enseignants dans les milieux scolaires.
Fait à Pointe-Noire, le 30 Avril 2013
Les Organisations de la Société Civile signataires :
- Association de Défense des Droits des Consommateurs du Congo (ADDCC)
- Cercle d’Action pour le Bien-être Social (CABS)
- Collectif des Originaires du Kouilou (COK)
- Commission Justice & Paix (CJP)
- Mouvement Culture Citoyenne (MCC)
- Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH)
- Réseau des Associations de Solidarité(RASP)
- Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH)