Brazzaville- Pointe Noire le 8 Mars 2012. A l’occasion de la commémoration de la Journée Internationale de la Femme sur le thème « Rendons les femmes autonomes – Eliminer la pauvreté et la faim », la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) se joint à la communauté internationale pour célébrer cet évènement, tout en l’inscrivant sous le signe de l’engagement renouvelé et de la mobilisation, pour l’atteinte effective des objectifs assignés aux Etats en la matière. Officialisée par les Nations Unies en 1977, cette journée a été consacrée au Congo par la mise en place d’un Ministère entièrement dédié à la Promotion de la Femme et à son Intégration au Développement.
En effet, en dépit de mesures prises ces dernières années en faveur des droits des femmes, la RPDH constate une lenteur dans la prise de conscience par les décideurs du rôle déterminant des femmes pour le bien-être des familles, des communautés et pour le développement des nations. Ainsi, la mise en œuvre des droits de la femme au Congo demeure toujours un défi, notamment du point de vue de la place de cette dernière dans la conscience des hommes, ainsi que dans la plupart des secteurs de la vie sociale et économique. L’organisation a pu établir que parmi les secteurs qui souffrent énormément de cette mise à l’écart, figure en bonne place celui de l’éducation, dont l’une des couches les plus lamentablement affectées constitue la jeunesse, notamment estudiantine. Cette absence d’éducation à la culture du respect des droits des femmes dans le milieu scolaire et académique, est d’autant plus préjudiciable car, liée au manque d’intérêt manifeste envers les droits de celles-ci.
La RPDH note de plus avec amertume que les localités des différents départements du Congo affichent un pourcentage quasiment insignifiant en matière d’intégration de la femme aux différents secteurs d’activités. Il n’est donc pas abusif de dire que la plupart des femmes congolaises méconnaissent encore à ce jour leurs droits et libertés fondamentales, moins encore les différents mécanismes servant à leur protection. Partant de ce postulat, on peut affirmer que la question de la femme mérite d’être réexaminée au Congo de sorte à lui redonner ses marques de noblesse et la place de choix qui est la sienne dans l’édification de toute société.
Au-delà, cette affirmation est renforcée par le maintien d’une législation, dont plusieurs dispositions sont discriminatoires à l’endroit des femmes, à l’instar du code pénal et du code de la famille. A titre illustratif, bien que le Code de la famille protège les droits de la femme en cas de veuvage (Art. 789 à 806), ses dispositions ne sont nullement respectées dans la pratique, et les mesures visant à l’application effective de ces textes n’interviennent pas réellement.
La perte du droit d’héritage ou encore l’expulsion de la femme du domicile conjugal à la suite du décès de son époux constituent encore des phénomènes récurrents dans la société congolaise.
La RPDH souligne que les violences à l’égard des femmes, y compris sexuelles, demeurent monnaie courante dans le territoire, quoique sanctionnées par le Code pénal. Les incriminations de ce type sont très peu dénoncées, et encore moins poursuivies, en raison de la stigmatisation des victimes, du manque d’information sur leurs droits, des recours disponibles en cas de déni de ceux-ci, et des coûts élevés des procédures. Ces violences impliquent également, et ce en bonne partie, les femmes de certaines minorités, telles que les pygmées.
Si les mutilations génitales féminines (MGF), et en particulier les excisions, ne font pas partie de la culture traditionnelle congolaise, ces pratiques se poursuivent au sein des communautés ouest-africaines établies dans le pays, sans pourtant être punies de manière spécifique par la loi et ne sont poursuivies que sur la base des dispositions du Code pénal relatives aux coups et blessures, qui ne prévoient que des sanctions minimes.
La RPDH rappelle également que si l’éducation des filles est garantie au même titre que celle des garçons par la Constitution, le taux de scolarisation des filles de 52% dans le primaire et 39% dans le secondaire reste insuffisant, en raison des mariages et maternités précoces et du faible pouvoir d ‘achat des parents.
L’organisation estime aussi, malgré l’article 8 de la Constitution du 20 Janvier 2002, qui garantit la participation de la femme à la gestion de la chose publique autant que les dispositions de la loi électorale adoptée en 2007, le niveau de participation des femmes congolaises dans la vie publique et leur taux de représentation aux plus hauts niveaux de décision sont très bas. Ainsi, seule dix (10) femmes sur 137 sièges, ont été élues députées lors des dernières élections parlementaires de 2007, soit 2 de moins que dans le parlement sortant. De plus, aucun parti politique au Congo n’est à ce jour dirigé par une femme.
En vue d’améliorer l’exercice des droits de la femme au Congo, la RPDH recommande à l’Etat congolais de:
- Respecter effectivement les droits de la femme, conformément à la Constitution congolaise du 20 janvier 2002;
- Garantir la mise en œuvre et la prise en charge des droits de celle-ci;
- Se conformer aux instruments juridiques internationaux se rapportant aux droits des femmes ratifiés par le Congo;
- Respecter et mettre en œuvre les dispositions de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sur les droits des femmes.
Fait à Pointe-Noire, le 07 Mars 2012
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