La Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) et la Commission Justice et Paix (CJP) déplorent la mort de dizaines de congolais et de centaines de blessés graves issus de l’accident de train survenu dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 juin 2010 à 20 heures. La RPDH et la CJP présentent leurs condoléances les plus attristées aux familles des victimes et manifestent leur vive compassion à l’égard des personnes souffrantes et encore hospitalisées.
En effet, le train Océan, en partance pour la ligne Pointe-Noire Brazzaville, a connu un déraillement entre les gares de Bilinga et Tchitondi, précisément à Yanga. Déraillement ayant occasionné la mort d’environ 76 personnes et plus de 400 blessés, de source gouvernementale [1]. A noter qu’à ce stade, un bilan exhaustif ne peut s’établir car les victimes, réparties entre les principaux centres hospitaliers de la ville de Pointe-Noire, continuent d’affluer tandis que d’autres sont soit dans un état critique soit toujours encastrées sous les décombres, selon des témoignages de survivants.
La RPDH et la CJP regrettent l’arrivée tardive des secours, à savoir au-delà de minuit dans la nuit du 22 juin alors que l’accident s’était produit depuis 20 heures, le 21 juin. Ceci dénote de l’absence à ce jour dans le pays d’un véritable dispositif de secours, susceptible de venir en aide aux victimes dans les plus brefs délais en cas de catastrophe.
Toutefois, il convient de souligner que le Gouvernement s’est mobilisé en réunion de crise le 22 juin à 15 heures, séance à l’issue de laquelle un deuil national de 3 jours a été décrété et le Chef de l’Etat a instruit l’Exécutif d’organiser les obsèques, de prendre en charge les blessés et de soutenir les familles éprouvées, d’après le compte rendu lu publiquement autour de 20 heures par le Ministre en charge de la communication. Cependant on note que cette mobilisation du Gouvernement est intervenue de façon tardive, soit environ 24 heures après la catastrophe (heure de publication du compte rendu du Conseil des Ministres) et que, de ce fait, les familles ont dû faire face toutes seules aux charges médicales et autres, liées aux premiers soins. Au stade actuel, la question qu’on peut se poser est celle de savoir si effectivement, les directives émises par le Président de la République en amont sont l’objet d’une totale exécution en aval.
Selon les responsables de la compagnie les causes de cette catastrophe humanitaire seraient à rechercher dans l’excès de vitesse des conducteurs, les conditions inadéquates de voyage du fait de la surcharge des passagers ainsi que de l’état préoccupant de la ligne de chemin de fer dans la zone de l’accident. Conclusions pourtant jugées hâtives par la RPDH et la CJP, entendu qu’elles ne résultent en rien d’une expertise technique fiable.
Les deux organisations interpellent le Gouvernement sur la nécessité de garantir une communication transparente autour de cette catastrophe, en assurant à l’opinion publique une information vraie, précise et exacte sur le nombre de victimes et de blessés, sur la prise en charge des victimes et la communication sur le plan de crise arrêté. Ceci inclut d’indiquer publiquement la nature et le contenu de l’aide mise en place autant que les tenants et les aboutissants en charge de sa gestion, en vue d’un processus empreint de transparence.
Tout en rappelant que cet accident est le troisième d’une série dont le premier et tristement célèbre concerne celui de Mvoungouti, survenu en septembre 1991 et ayant causé la mort de près de 100 personnes et environ 300 blessés, la RPDH et la CJP recommandent au Gouvernement d’ouvrir une enquête indépendante afin de déterminer les causes exactes de l’accident, d’en établir les responsabilités et de donner les gages sûrs pour la prévention de tels types de catastrophes meurtrières.
Ceci implique de mener une réflexion profonde sur l’administration et le fonctionnement du Chemin de Fer Congo Océan (CFCO) et d’apporter des réponses fiables quant aux dysfonctionnements récurrents enregistrés dans l’activité du CFCO.
Aussi, la RPDH et la CJP en appèlent à la vigilance de la communauté nationale et internationale en vue que les mesures prises en Conseil des Ministres à propos des victimes soient suivies d’effet afin que ces dernières ne soient pas l’objet d’abandon comme ce fut le cas lors de la précédente catastrophe de Mvoungouti en 1991.
Pour la RPDH
Christian MOUNZEO |
Pour la CJP
Brice MACKOSSO |
Note:
[1]: Compte rendu de la réunion de crise du 22 juin.
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