10 Décembre 2008, l’humanité entière célèbre le soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) sur le thème ‘’ Dignité et justice pour nous tous’’. Adoptée le 10 Décembre 1948, à la suite des atrocités de la deuxième guerre mondiale dont l’holocauste des juifs, la communauté internationale s’évertue depuis lors à faire avancer la cause des droits humains ; et intègre comme acquis fondamental l’idéal de dignité et de justice. Au Congo-Brazzaville, cet événement est accueilli dans un environnement fébrile et surtout emprunt d’injustices notoires couvertes par l’impunité.
La Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) et la Commission Justice et Paix (CJP) sont, en effet, témoins des déficits criards dans les processus électoraux engagés par le Gouvernement ces derniers mois ; ainsi que des reculs enregistrés en terme de garantie et de protection des droits humains.
Ces processus privent les citoyens de la jouissance de leurs droits et libertés fondamentaux.
Les deux organisations déplorent la campagne d’intimidation organisée délibérément par le pouvoir à l’orée du scrutin présidentiel de 2009, se traduisant par l’instrumentalisation des services judiciaires et ceux de la police, dans le conditionnement psychologique des personnes, la privation des libertés et la répression des manifestations citoyennes. Ces activités participent du traumatisme et de la peur dans laquelle le gouvernement entend confiner les populations dans le but de les dissuader d’entreprendre des actions citoyennes.
En dépit des déclarations de bonnes intentions du Chef de l’Etat sur l’inexistence des prisonniers politiques ou d’opinion au Congo, ces affirmations sont contredites par des détentions aux motivations politiques comme l’illustre la situation des 34 personnes détenues (1) depuis six mois à la Maison d’arrêt de Pointe-Noire, sans jugement.
Ces personnes ont été raflées et arrêtées à la suite des obsèques de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, pour ‘’offense au Chef de l’Etat’’.
La RPDH et la CJP demeurent préoccupées par le cas Nsonguissa Moulangou, membre de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale- UPADS, détenu à la Maison d’arrêt de Brazzaville, arrêté au départ pour ‘’organisation d’une réunion publique sans autorisation préalable’’, puis pour ‘’ propagation de fausses nouvelles’’ et actuellement poursuivi pour ‘’ atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’.Dans ces deux cas, les accusations semblent infondées, et répondent visiblement à une ambition d’intimidation.
Par ailleurs, le déni du droit à la vie est tel qu’à ce jour, la responsabilité sur la mort de Guy Sylvestre Poaty à la Maison d’arrêt de Pointe-Noire le 19 juillet 2008 n’a pas toujours été établie.
Enfin, les deux organisations déplorent la marche à contre-courant de l’idéal prôné par la DUDH, à travers l’absence de mise en œuvre des droits économiques et sociaux, matérialisée par le manque de retombées de l’exploitation pétrolière et minière sur le quotidien des populations, ainsi que les violations des droits humains liées à cette exploitation.
La RPDH ET CJP recommandent au gouvernement de prendre toute la mesure de son engagement international en ayant adopté la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et en exigeant le respect effectif.
Pour la RPDH Christian MOUNZEO | Pour la CJP Brice MACKOSSO |
Notes:
(1)En date du 5 décembre 2008, Pamela Mavoungou, une des détenues, a été libéré pour cause de grossesse.
La RPDH est une organisation non gouvernementale de promotion, défense et protection, des droits de l’Homme, membre de la Campagne Internationale Publiez ce que vous payez, de la Coalition internationale pour la Cour Pénale Internationale, du Réseau Peace Tree Network, du réseau Initiative pour l’Afrique Centrale, et du Réseau Economic and Socio-Cultural Rights- ESCR- NET
BP 939 Pointe-Noire, Tél : 242 595 52 46 E-mail : rp.dh@laposte.net,
La Commission Justice et Paix est un service de l’Eglise catholique, chargée de dénoncer les injustices, de promouvoir la culture de paix et le respect des droits humains.
BP 659 Pointe-Noire, Tél: 242 557 90 81 E-mail: bricemackosso@yahoo.fr