Le Gouvernement doit mieux garantir le respect des droits des femmes, assurer une meilleure protection et des recours effectifs pour les femmes victimes de violences multiformes.
Brazzaville-Pointe-Noire, le 25 novembre 2011. La célébration de la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, offre une réelle opportunité pour attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les violences perpétrées quotidiennement à l’encontre des femmes, et l’absence criarde de recours pour les femmes congolaises victimes des dites violences.
Plusieurs sondages suggèrent, en effet, que la moitié des femmes victimes d′homicide sont tuées par leur conjoint, ex-conjoint ou compagnon. On estime que, dans le monde entier, une femme sur cinq sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie. Au Congo, après des années de conflits armés au cours des quelles, le viol a été utilisé comme arme de guerre, c’est à partir de 1999 que ce fléau a été mis en lumière.
Il faut reconnaître que la violence à l’égard des femmes est définie par le protocole de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme comme « tout acte perpétré contre les femmes causant ou pouvant causer des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques ».
Ce sujet a été dans un passé récent, un sujet un tabou. Aujourd’hui, la société civile par des campagnes de sensibilisation, s’implique dans la lutte contre les violences faîtes aux femmes dans tous les milieux de la vie sociale (famille, travail ou école). Ces initiatives permettent non seulement aux femmes et filles victimes de violence de témoigner mais aussi de trouver un accompagnement juridique et psychologique.
La RPDH estime que ces violences infligées aux femmes ont, en amont des causes diverses, notamment culturelles (croyances, pratiques), économiques, politiques, conjoncturelles, structurelles (Etat), d’une part, mais aussi juridiques (textes et pratiques discriminatoires à l’endroit de la femme) voire judiciaires, d’autre part.
La RPDH constate qu’en Republique du Congo, malgré l’existence d’un cadre juridique, des actes odieux sont encore perpétrés sur des nombreuses femmes et filles. Ainsi, du droit de cuissage, marchandage des notes dans les facultés de Brazzaville, lycées et collèges, des violences sexuelles dues à l’activité des forces de sécurité, y compris les femmes capturées comme otages en lieu et place de conjoints, des difficultés d’accès à l’emploi et aux postes de responsabilité, des violences conjugales, aux traitements inhumains et dégradants liées aux pratiques traditionnelles, ces violences ont toutes un dénominateur commun : l’impunité. Il apparaît clairement que les mécanismes de protection disponibles sont insuffisants et l’impunité règne et demeure la règle.
La RPDH observe aussi que les menaces et actes de violence accroissent considérablement la vulnérabilité des femmes et des filles au VIH. En effet, dans de telles situations, il leur est difficile voire impossible de refuser un rapport sexuel, d’obtenir la fidélité de leur partenaire, ou du moins d’exiger des rapports sexuels protégés. Dans ces conditions, le risque de transmission du VIH est plus élevé au cours de rapports sexuels violents ou contraints.
La RPDH témoigne de ce que depuis le retrait de MSF/France, il n’y a plus de prise en charge médicale des femmes et filles victimes de violences comme ce fut le cas entre 2000 et 2005. Les centres de prise en charge médicale mis en place, par MSF/France, dans les hôpitaux de Talangaï et Makélékélé qui, après avoir examiné les victimes, leur fournissaient des médicaments nécessaires et gratuits, ne fonctionnent plus comme il se doit. Les victimes sont ainsi obligées de payer des frais de consultation et des soins, surtout à l’intérieur du pays où elles sont abandonnées à elles-mêmes. Pourtant, un partenariat existe entre SEP/CNLS et la Banque Mondiale, pour sécuriser le financement de l’accueil des victimes de violences sexuelles.
Dans le but d’éliminer effectivement la violence vis-à-vis des femmes, la RPDH formule les recommandations suivantes au gouvernement :
- Adopter des textes d’application des conventions internationales et lois qui protègent les droits des femmes ; et notamment la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et le protocole de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes;
- Documenter toutes les atteintes à l’intégrité physique et psychologique des femmes et Condamner toutes les personnes coupables de violence à l’endroit des femmes et décréter la fin de l’impunité sur ce sujet ;
- Améliorer les conditions d’existence de la femme ;
- Renforcer la Mobilisation et la Sensibilisation autour de cette préoccupation en impliquant toutes les couches de la société contre ce fléau ;
- Intégrer la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles dans la lutte contre le VIH/SIDA ;
- Créer des centres d’accueil ou d’accompagnement des femmes et filles victimes de violence ;
- Susciter une prise de conscience dans le milieu des victimes afin de les amener à franchir le pas de la dénonciation des bourreaux et de mener des actions en justice.
Le Bureau Exécutif
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