Brazzaville-Pointe-Noire. Le 15 septembre 2011. La Célébration par l’humanité de la Journée internationale de la Démocratie rappelle l’urgence de promouvoir et protéger la démocratie aujourd’hui, encore plus qu’hier. « La démocratie est un idéal universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes à tous les peuples qui composent la communauté mondiale, indépendamment des différences culturelles, politiques, sociales et économiques. Elle est donc un droit fondamental du citoyen, qui doit être exercé dans des conditions de liberté, d’égalité, de transparence et de responsabilité, dans le respect de la pluralité des opinions et dans l’intérêt commun. »
C’est précisément au nom de cet idéal affirmé par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme que s’inscrivent les luttes engagées par les Africains du Nord à travers le printemps arabe, dont la conséquence directe a été le déboulonnement des dictatures. Par cette posture citoyenne, les peuples Tunisiens, Égyptiens et Libyens témoignent, les mains nues, de leur aspiration irréductible à la liberté, en bravant la répression armée.
Au Congo, la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) et la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP) de Pointe Noire, constatent vingt ans après la conférence nationale souveraine, que la démocratie en est encore à des formes de balbutiements inacceptables avec pour caractéristiques : les violences politiques ( cf-de la décennie 1993-2003), les privations de libertés, les emprisonnements pour des motifs politiques, les harcèlements à l’encontre de personnes opposées au discours officiel, l’intolérance politique, l’interdiction de réunions politiques, les arrestations et détentions arbitraires et illégales, l’impunité érigée en système, la corruption, la confiscation des médias, autant de pratiques qui privent les congolais de leur capacité à jouir de leur dignité d’être humain.
La Démocratie congolaise au delà de ses artifices demeure marquée par la culture de l’intimidation, de la peur, par la politique du fait accompli, la primauté de la violence comme alternative à la résolution des conflits, l’entretien et la sédimentation des frustrations, la manipulation des scrutins électoraux, l’absence de consensus, l’absence de participation effective, la corruption des électeurs, et elle souffre de ce fait d’une grande faiblesse de légitimité. C’est certainement cet état de fait qui explique la mise au point du Chef de l’Etat congolais dans son discours aux membres de son parti, le Parti Congolais du Travail, courant juillet 2011, lorsqu’il a dit en substance: »…les députés ne se fabriquent pas dans les bureaux…« .
La RPDH et la CDJP rappellent qu’en démocratie, les droits de l’Homme sont protégés de façon que chaque citoyen participe librement, indépendamment de la race, du sexe, des convictions, au processus d’élaboration des lois et des politiques publiques. Et parmi ces droits fondamentaux figurent en bonne place, la libre expression, le droit de s’associer à d’autres et de choisir librement ses dirigeants lors des consultations tout autant libres. Il n’y a pas de démocratie sans élections libres, justes, pacifiques et transparentes.
Le préambule de la constitution du 20 janvier 2002 affirme notamment que : « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ».
La RPDH et la CDJP estiment qu’il est du devoir de l’exécutif de se conformer à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, à la Constitution, au pacte relatif aux droits civils et politiques, et de tout mettre en œuvre pour garantir aux congolais une démocratie effective qui réponde à leurs aspirations légitimes en matière de libertés, de dignité, de justice et de paix.
Le Congo s’achemine en 2012 vers le renouvellement de son assemblée nationale. La RPDH et CDJP s’inquiètent du manque de consensus entre l’exécutif, l’opposition et la société civile au sujet de l’environnement et le mode opératoire dans l’exécution de ce processus. En effet, comme lors de précédentes consultations, les conditions d’équité, de transparence, de crédibilité nécessaires dans un processus dit moderne et dont les résultats sont acceptés par tous, ne sont pas réunis.
Ce faisant, la loi électorale, le découpage électoral, les structures de management des élections, mériteraient d’être revisités afin que les élections futures associent légitimité, participation, consensus et débouchent sur des résultats qui consolident la paix. Il est aujourd’hui plus que urgent de réfléchir sur l’introduction de la biométrie dans l’identification des électeurs, et utiliser tous les avantages qu’offre les nouvelles technologies de l’information et la communication pour renforcer la fiabilité aussi bien de la maitrise du corps électoral que des opérations électorales proprement dites.
Au moment ou les peuples d’Afrique aspirent à plus de liberté, le gouvernement de la République, la classe politique congolaise, la société civile congolaise doivent se mobiliser pour que les législatives de 2012 ouvrent une nouvelle période d’espérance.
Fait à Pointe-Noire, le 15 Septembre 2011
Pour la CJP
Brice Mackosso |
Pour la RPDH
Christian Mounzéo |
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