Christian Mounzéo et Essylot C. Lubala se penchent sur les nouvelles dispositions de la loi forestière chinoise et leur impact dans les pays forestiers comme ceux du bassin du Congo.
À première vue, en ajoutant une interdiction d’acheter du bois d’origine illégale, le projet de modification de la loi forestière chinoise semble être un pas en avant important pour le climat et l’environnement. Mais il est à craindre que l’appétit vorace de la Chine pour le bois ne continue de détruire les forêts ailleurs – en raison de son approche clientéliste des affaires qui aggrave la corruption, comme en Afrique par exemple.
La loi amendée interdirait désormais l’achat, l’exploitation ou le transport de bois récolté de façon illégale. Cependant, cette dernière ne précise pas quelle sera la portée de cette interdiction frappant le bois illégal et si les mesures proposées compléteront des législations similaires ailleurs notamment les exigences du plan d’action FLEGT de l’Union européenne. Une version finale est attendue avant la COP15 de la Convention sur la biodiversité en fin d’année (actuellement reportée) ; beaucoup dépendra également de son application pratique et de sa mise en vigueur.
Le décollage économique spectaculaire de la Chine a accru sa demande en bois dont elle est devenue le premier importateur au monde. Les pays producteurs de bois du bassin du Congo, par exemple, exportent la majorité de leur production vers la Chine, et la plupart des grumes prélevées en Afrique sont commercialisées par des entreprises chinoises. La Chine est également le plus grand exportateur de produits dérivés du bois, destinés en grande partie au marché de l’UE.
Ces actions ont un impact au-delà du bassin du Congo. L’exploitation forestière illégale est la principale cause de dégradation des forêts dans le monde ; elle contribue aussi au réchauffement climatique. L’abattage illégal d’arbres menace la biodiversité et entraîne la perte de moyens de subsistance et de terres pour les communautés locales.
Les défenseurs de l’environnement affirment que la Chine a simplement transféré l’exploitation forestière du pays vers l’étranger, au détriment des forêts et des moyens de subsistance locaux.
Il n’est donc pas surprenant que des militants de la société civile en République démocratique du Congo (RDC) aient protesté contre l’octroi récent par le gouvernement congolais de neuf concessions forestières à deux entreprises chinoises. Le ministre congolais du développement durable et de l’environnement a déclaré qu’il s’agissait d’une simple cession de concessions existantes à de nouvelles entreprises.
La société civile demande cependant que les permis soient annulés. Ils ont établi que cette décision enfreint le moratoire de 2002 sur l’exploitation forestière industrielle, adopté pour protéger les forêts qui couvrent plus de la moitié du territoire de la RDC, et que les explications du ministre sont infondées.
En 2018, l’attribution de nouvelles concessions forestières avait suscité un tollé sur leur légalité en raison du moratoire et de l’adoption de nouvelles procédures d’octroi. « Il est important que l’histoire ne se répète pas » a souligné Essylot Lubala de l’Observatoire de la Gouvernance Forestière en RDC.
Des rapports d’ONG ont mis en avant le comportement douteux des investisseurs chinois qui enfreignent les législations nationales. Dans la République du Congo voisine, SEFYD (société d’exploitation forestière Yuan Dong) concessionnaire de l’Unité Forestière d’Aménagement (UFA) Jua Ekie, n’a pas honoré ses obligations sociales envers les communautés locales et a contourné la législation forestière et environnementale en effectuant de l’exploitation minière à l’intérieur d’une concession forestière.
Cela doit cesser et les gouvernements des pays du Bassin du Congo ont la responsabilité d’agir efficacement en prenant les mesures idoines. La loi chinoise constitue un signal fort qui va permettre le renforcement des mécanismes de contrôle, a déclaré Nina Kiyindou Yombo de l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme.
Ces actions ont un impact au-delà du bassin du Congo. L’exploitation forestière illégale est la principale cause de dégradation des forêts dans le monde ; elle contribue aussi au réchauffement climatique. L’abattage illégal d’arbres menace la biodiversité et entraîne la perte de moyens de subsistance et de terres pour les communautés locales.
Les actions de la Chine doivent correspondre aux nouvelles dispositions prises. Pour Christian Mounzéo de la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme en République du Congo, il reste à espérer que ces mesures contribueront également à enrayer les pratiques douteuses des entreprises chinoises à l’étranger. Il importe surtout que les entreprises chinoises ne délocalisent plus l’abattage illégal et que celles qui ont des activités dans les pays mettant en œuvre un Accord de partenariat volontaire s’engagent pleinement dans le processus plutôt que de le mettre à mal. La Chine devrait encourager ses pays partenaires africains à renforcer leur législation forestière pour contribuer de façon plus efficace à la lutte contre le commerce illégal de bois. Trop souvent la Chine profite de la faiblesse des lois nationales pour se soustraire aux obligations en matière de responsabilité.