Garantir le droit à l’alimentation à la majorité des citoyens congolais : Un devoir urgent du Gouvernement
Pointe-Noire, le 16 octobre 2011. L’humanité célèbre la journée mondiale de l’alimentation sur le thème «Prix des denrées alimentaires – de la crise à la stabilité». En effet, la hausse des prix des denrées alimentaires, fait peser une grave menace sur la sécurité alimentaire dans les pays en développement. Cette crise frappe de plein fouet les pauvres. Selon les chiffres de la Banque mondiale, l’augmentation des prix des aliments, en 2010-2011, a jeté près de 70 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Ce thème a été choisi pour attirer l’attention sur l’évolution de ce phénomène et sur ce qui peut être entrepris pour atténuer ses effets négatifs sur les populations les plus vulnérables, étant donne qu’une majeure partie de ces indigents se trouvent en Afrique.
La RPDH constate qu’au Congo, en dépit des immenses ressources pétrolières, gazières et minières dont le pays regorge, un grand nombre de congolais vit dans une pauvreté extrême, et notamment environ 70% avec moins d’un dollar par jour et 41% demeure sous alimentée, selon des statistiques du Programme Alimentaire Mondial (PAM) en février 2010.
La RPDH déplore cet état de fait et dénonce la faiblesse des reformes gouvernementales engagées jusque là pour changer cette donne et garantir l’accès des populations à une alimentation aussi bien qualitative que suffisante, tels que le prescrivent les normes et standards internationaux auxquels le Congo est partie, spécialement le Pacte International relatif aux Droits Economiques et Socioculturels et les obligations générales des Nations Unies sur le droit à l’alimentation. « Le Congo connait une situation financière particulièrement intéressante ces dernières années, et au regard de sa faible population, logiquement, les droits sociaux et économiques devraient visiblement en recevoir une plus value » a dit Christian Mounzeo, Président de l’organisation.
Avec une production agricole très faible, le Congo est très dépendant des importations et pourtant, l’autosuffisance alimentaire a été, pendant des années, l’objectif à atteindre pour la quasi totalité des gouvernements qui se sont succédés. Ces politiques, pour la plupart inadaptées, ont toutes échouées. Pour preuve, les statistiques gouvernementales à ce jour démontrent que le pays consacre encore au stade actuel plus de 100 milliards de FCFA par année à l’import en denrées alimentaires de base.
« Nous constatons avec satisfaction, au vu des réalités de terrain, l’émergence de tendances lourdes qui confortent la mise en œuvre du programme national pour la sécurité alimentaire 2008-2012 » avait déclaré Denis Sassou-Nguesso lors de son discours sur l’état de la nation, 12 aout 2011.
La RPDH estime que les mots et les intentions ne suffisent pas. Il convient de s’employer davantage, à l’adoption et la mise en œuvre de politique agricole efficace et une vigilance accrue au niveau des prix sur le marché, pour permettre aux congolais de pouvoir se nourrir décemment. Les consommateurs pauvres sont les principales victimes des fluctuations des prix car les congolais, dans leur majorité, consacrent l’essentiel de leurs revenus à la nourriture, à la santé et au logement.
Ce constat induit d’une part, une prise de conscience véritable des décideurs congolais face à la problématique de l’accès des congolais au droit à l’alimentation et d’autre part, une redynamisation des secteurs de l’agriculture et de l’élevage, grâce aux ressources disponibles du fait de l’exploitation des matières premières.
En conséquence, la RPDH formule les recommandations suivantes :
- A l’endroit du Gouvernement de la République :
- Une bonne application des dispositions du Programme national pour la sécurité alimentaire 2008-2012 ;
- La mise en place d’une vraie politique agricole et de l’élevage capable de mettre fin à la dépendance extérieure ;
- Une application effective des textes relatifs à l’attribution des prix des denrées alimentaires ;
- La mise en place de subventions aux petits producteurs agricoles afin de les inciter à produire davantage.
- A l’endroit de la communauté internationale, notamment des institutions financières et partenaires au développement :
- Renforcer le suivi et la pression sur les décideurs congolais aux fins de matérialiser l’accès effectif des populations congolaises au droit à l’alimentation, disposition intégrant en bonne place les Objectifs du Millénaire pour le Développement auxquels le Congo a souscrit ;
- Renforcer l’appui au Gouvernement du Congo dans le cadre de l’instauration dune politique agricole et d’élevage véritablement efficace tout en veillant à une administration transparente, rationnelle et participative de ces reformes.
Fait à Pointe-Noire, le 16 octobre 2011
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